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Communiqué de presse

Interview d’Eric Bismuth dans l’OT

By 1 janvier 2010janvier 2nd, 2024No Comments

Vous avez pris des participations importantes dans la chaîne hôtelière B&B et dans Homair Vacances. Pourquoi ce choix d’investir dans les secteurs de l’hôtellerie et du camping ?

En tant que société de capital investissement, nous prenons des parts dans des sociétés pour accompagner leur développement. Contrairement à 99% des financiers qui sont plutôt généralistes, nous avons une approche sectorielle et qui privilégie les projets de croissance. Je m’intéresse aux secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, des loisirs et des réseaux de services depuis une quinzaine d’années. Nous connais sons bien les métiers dans lesquels nous investissons.

Quel est votre rôle en tant qu’investisseur ?

Nous sommes force de proposition, nous suivons le plan stratégique fixé en général à sept ans car les décisions à prendre s’ inscrivent sur plusieurs années. Nous investissons de 30 à 50M. Tout en restant des financiers, nous ne sommes pas obsédés par la rentabilité à court terme mais intéressés avant tout par le succès de l’entreprise. Cette approche d’accompagnement (humain, matériel, marketing, etc.), et pas seulement d’investissement, est bien adaptée à l’univers du camping.

Quel est votre engagement dans la chaîneB&B ?

Lorsque nous sommes entrés au capital de B&B, la société était déjà performante. Nous l’avons aidée à mettre en place son nouveau concept d’hôtellerie autour de trois axes forts: un programme de rénovation et de modernisation, un développement à l’international et des acquisitions externes. En quatre ans, la taille de la société a été multipliée par 2,5 et la chaîne est désormais présente dans cinq pays européens. Son positionnement entre une et deux étoiles se situe dans ce que nous appelons « éconochic », c’est-à-dire une offre accessible en prix (autour de 40€ la nuitée), mais avec des chambres confortables, de l’équipement moderne, du mobilier design.

Et concernant Homair Vacances dont vous détenez 58% du capital ?

L’approche est différente, avec un positionnement trois ou quatre étoiles et des prix très attractifs. Mais nous y retrouvons notre obsession de la qualité, pour les clients comme pour les campings sélectionnés, un niveau de confort important, une histoire de développement commune. Depuis quatre ans que nous sommes au capital, le chiffre d’affaires est passé de 17 à 43M€. Nous pensons que l’HPA est un métier spécifique, composé d’hommes et de femmes qui vendent une expérience de convivialité et de bonheur et non un simple produit. Des financiers qui n’auraient pas cette vision du métier seraient malheureux, et le gestionnaires chez qui ils auraient investi aussi.

Quelle est votre vision du développement des chaînes et groupes dans l’HPA ?

Je ne crois pas du tout que le secteur sera entièrement contrôlé par des groupes et des chaînes très normés Prenez l’ hôtellerie de chaîne, qui a démarré en France en 1967, il y a donc plus de quarante ans. Elle reste minoritaire en France parce qu’il y a la place pour des offres très différenciées. Je crois à la co-existence entre des indépendants forts et des concepts de chaînes qui correspondent à ceux qui veulent être complètement guidés dans leurs choix ou qui préparent leur succession. Des acteurs de taille relativement importante trouveront sans doute leur place, mais les groupes ou chaînes ne sont ni le remède à tous les maux de la profession ni une menace qui viendrait tout remettre en cause. Le salut viendra de chacun, en puisant dans ses ressources propres, sa créativité, son expérience.

Quel est le défi des indépendants face aux groupes organisés ?

Leur défi est de renforcer leur différence par rapport aux concepts très normés. Je crois beaucoup aux patrons qui se concentrent sur leur savoir-faire (accueillir, animer, fidéliser), quitte à s’associer à des partenaires spécialisés pour certaines offres (commercialisation, restauration, etc.). Les campings qui répondront le mieux aux attentes de leurs clients s’en sortiront le mieux, pas nécessairement ceux qui ont le plus d’argent. C’est sans doute curieux pour un financier de dire cela, mais c’est vrai.